dimanche 29 juillet 2012

SUNDAY SONG



 
VACUUM



Je suis vide comme un presse-papier

Ce qui prouve à quel point je suis vide parce qu’un presse-papier, lui, l’est rarement.  Il  y a toujours une fleur ou une bulle dedans.

On va dire que je suis vide comme la bulle dans le presse-papier.

Et là encore… J’ai entendu l’autre jour que nous, humains (nous, bipèdes inhumains), étions constitués de poussière d’étoile.

Alors, même la bulle est probablement une sorte de gare Saint Lazare où se bousculent neutrons, protons et gatecrashers quantiques.

Bon.  On va dire que je suis vide today comme une gare sans voyageurs – un faisceau de rails inhabités qui filent dans le silence.  Pas un neutron à bord.  Pas un proton à qui parler.

Je n’ai rien à dire.  Ce qui signifie, évidemment, que j’ai tout à dire. Comme le remarquait quelqu’un que j’ai connu : « trop égale rien ».  C’était un genre de physicienne.

Hier, j’ai mis le nez sur mes exaspérations, que je trouve suspectes.

Le sarcasme  peut conduire loin – beaucoup trop près de soi-même.

Danger.





THE QUEEN IN THE SKY WITH DIAMONDS


J’ai raté toute l’ouverture des J.O.   Je suis d’une intelligence sans limite pour rater les choses.  Et d’une intelligence illégitime pour le reste.

J’ai juste vu, le lendemain, entre deux couplets de news,  the Queen parachutée dans le noir, robe rose en zigzags, avant (ou après) le déchaînement des concerts de lumière.

J’avais les larmes aux yeux

Je suis toujours émerveillée par cette île inouïe, cette virgule sur l’eau, qui a mis les trois quarts de la planète au pas, et dont la langue est le seul passeport  au monde.

J’ai vu un jour un vieux film sur Calcutta au début du siècle dernier. Immaculée.  La Riviera.  Enfin, la Riviera du temps de Maugham. Hôtels et hommes en blancs, femmes volantées, indiennes en spirales blanches. Calme, Espace. Véhicules insolites, visages saisissants dans des rues fluides. Des quais idylliques le long du fleuve…

Ce n’était pas le Calcutta de Ghandi.  C’était juste anglais.


Les anglais ont une relation unique avec le réel.  Il sont capables d’un envol immédiat, fabuleux hors d’une situation.  Ils décollent en flèche et ré-atterrissent sur du velours.  Ils sont connus pour ces voltiges.

…Pour être des virtuoses de l’humour.

Il faut beaucoup de courage, d’élégance et de talent pour être vraiment extrêmement drôle.  Il faut pouvoir rompre dans l’instant avec le verbiage, le danger, la souffrance.  C’est une forme d’aristocratie de l’esprit.

Si l’humour est un don, c’est un don de bravoure.


J’ai été frappée par une remarque de Danny Boyle - saisie au vol dans la messe des infos.  Il disait, en substance, qu’il savait qu’il ne pourrait jamais faire aussi grandiose que la Chine.  Il conclut – et là, c’est l’art du renversement britannique dans toute sa brièveté et sa splendeur – que ce constat l’a « libéré », et qu’il allait pouvoir faire « différent ».

On peut peut-être parler de  « pensée latérale ».  Mais, pour moi,  c’est une réaction anglaise.  Je connais peu de gens que leur impuissance libère.

C’est pour ça que la reine en rose lâchée dans le noir au bout d’un drapeau m’a mis les larmes aux yeux.  C’était libre.  Différent.





LES COHUES DU BONHEUR


Les officiants de la télé éclosent en sourires.  Ils sont un peu mornes en Roumanie, plutôt graves en Syrie (théâtre insoutenable des inhumains que nous sommes), et très posés dans l’inventaire des crimes, des inondations et des plans sociaux.

Tout y passe, avec charme - la BCE, les espagnols, la dernière de Moody’s & Fitch et même une image éclair de Lui Président promenant son sacerdoce au milieu des populations émues.

Mais dès qu’on en vient au grand sujet d’actualité – les vacances - les récitants des infos sont gais comme des pinsons.

Hop.  D’abord, la météo.  Entrée en scène des danseurs qui virevoltent devant leur carte de France.   

Il y a une telle gaieté dans l’air qu’ils passeraient presque les nuages sous silence.  Une éclaircie leur arrache pratiquement un cri de ravissement.  Il sont d’une grande légèreté quand il pleut.  Et vous annoncent les orages avec un gracieux message de courage.  Bref, pluvieux ou non, embouteillé ou non, tout roule.

C’est l’avènement du druide « bison futé » qui lit l’avenir des routes.  Attentif à sa parole, le peuple des « vacanciers » déferle vers les herbes, les coccinelles et le sable.

Gros plan sur un hôtelier joyeux qui a rencontré le soleil.  Interview d’une vacancière, cheveux au vent, qui promène son petit vacancier.  Travellings insatiables sur les plages.

Et là…  Si Sherlock Holmes, descendait lui aussi des J.O. en parachute, sa loupe à main, il chercherait inlassablement un centimètre carré d’eau libre, où ne barbote pas un corps humain.  Il ne pourrait pas mettre le nez dans le sable sans rencontrer un pied, un sein, un bâillement ou un jus de fruit.

Il serait vaincu par le bonheur.

Paris Plage – rush hour sous les douches, grappes humaines autour des glaciers. Sur les pelletées de sable obligeamment fournies par un maire au grand cœur,  des bras, des jambes, des ventres, des nez lunettés à perte de vue.  Et des imbroglios de cris et de galops sur les gisants.



Je n’aime que l’espace, le temps, la musique du vent.  Et l’intimité somptueuse de la mer.

Je suis perdue.




















dimanche 15 juillet 2012

DEUX DANSES POUR VIOLON




 DOPPELGÄNGER


Je viens de passer  au moins 2 heures sur Facebook.  Exceptionnel.  En général,  je passe 3 minutes sur l’Iphone.

Là, c’était le Mac.  Un temps interminable à traîner et à pérorer partout, le nez sur les « murs ».  La migraine.

J’ai l’impression d’avoir remonté le Mississipi en pédalo (un peu comme Lui Président dans les tempêtes).

J’ai parlé – enfin, clické – avec Judith que, bien entendu, je ne connais pas, mais qui m’avait « invitée ». 

Et je me suis aperçue qu’en une ligne et demie que je lui adressais pour « commenter » une photo,  j’avais défini mon « profil ». 

…Ce que je ne m’étais jamais souciée de faire jusque là.  D’ailleurs, je suis parfaitement incapable de me « définir ».  J’aurais l’impression de me changer en post it et de me retrouver collée sur un réfrigérateur.

Mais, là, pas du tout.  J’ai pondu quelques mots – et je suis restée sans  voix.   Devant moi.

Doppelgänger.

J’avais écrit :

« Je vois des loupes géantes dans le ciel et des soldats sans violon dans les rues… »

Le soldat israëlien de Judith jouait dans une rue d’un violon parfaitement visible - que je ne voyais pas.

Mais que j’entendais sans le voir.  Voilà.  That’s all folks.  That’s me.







HARCÈLEMENT


 Quelqu’un que je ne nommerai pas a fondu l’autre jour sur l’écran de la télé, avec une tête d’oiseau, un bec béant et un vocabulaire en béton armé :

Cette étoile du gouvernement voulait « plus d’exemplarité et plus de moralisation ».

Please.

Un autre champion de Lui Président – je ne sais plus qui – tout mousseux de mots,  a parlé de « solutions responsables ».

Pitié.

Hier, les palmiers de feu du 14 juillet explosaient en chaîne à l’une de mes fenêtres.  Je n’ai pas regardé – j’ai l’esprit ailleurs.  De temps en temps, Il y a une pleine lune qui navigue dans les rideaux.  Si un loup garou rôdait sur le boulevard, hululant, en quête d’un sandwitch humain, je crois que je ne m’en apercevrais même pas.

Je me suis juste appliquée à ne pas laisser un seul mot du bourdonnement présidentiel m’atteindre une seule oreille.  Pas pour longtemps : j’ai dû zapper au hasard et une bulle verbeuse géante m’est tombée dans les tympans – « l’état ne laissera pas faire… ».

Il n’y a pas moyen d’échapper.   Je dérive parfois dans les infos –  scotchée par la nature humaine.  Sidérée, en fait, de n’être jamais surprise. 

Et – boum.  Lionel Jospin atterrit en direct de la planète Mars.  Chargé de quoi ?  D’un parachute ?  D’une traînée de poussière galactique sur les revers de sa veste ?  D’un message de l’Enterprise ?

Pas du tout.  Chargé - accrochez-vous - d’une « commission  de moralisation de la vie politique ».

Pitié !
 
Qui va proposer une loi contre ce harcèlement ? Contre ce scalp des esprits ?  Contre ce viol quotidien des oreilles ?

Qui ?
















samedi 14 juillet 2012

LOST

 



PERPLEXITÉ


D’un côté :

Amsterdam liquide ses vitrines de corps ondulants et de lumières rouges.  La ville est en quête de centres de tourisme plus généraux et moins inspirants – genre ponts, musées,  monuments, envolées de pigeons.

Why not.  En France, une des têtes pensantes du gouvernement a eu une idée : on passe la prostitution dans la colonne des infractions.  Dandinements nocturnes, érections furtives,  crissement de billets et parfums de péché verbalisés.

L’heure est victorienne - la syphilis en moins, les smartphones en plus.

Parallèlement :

Si Anna Karénine avait vécu au 21 ème siècle, elle se serait fait conspuer pour n’avoir pas mis le pied – ou le string – au moins une fois dans un club échangiste.

Un œil sur le fisc, les hétéros fuient le mariage.  L’âme dans les nuages, les homos pleurent et piétinent pour convoler.

I am so lost.




DÉSARROI


-  On  vit comme des aveugles – du bout des doigts.  La planète dans la paume de la main.  Des végétaux digitaux.

-  Facebook m’étonne et m’amuse.  Normal que son créateur soit milliardaire.   Il a créé un lieu d’explosion des nombrils, un choeur d’hymnes à l’indifférence.  A lui, le lait et les dollars des deux mamelles émotionnelles de l’humanité .

Ceci dit, je dois reconnaître qu’il y a des nombrils intéressants et des indifférences qui méritent le détour.  Néanmoins c’est Grand Central.  Et beaucoup de bagages qui passent sans voyageurs.


-       La vérité me dépayse.  J’ai besoin de ce vertige.





INCRÉDULITÉ


Les discours de Jean-Marc le Héros : aussi palpitants que la météo.  Il m’inspire une vague (très vague) pitié.  Il va au feu.  Il tape laborieusement du poing dans le vide.  Il annonce les saignées fiscales.  Noyé dans la verbosité officielle, il hulule des « non ! » tonitruants à l’évidence.

Ce serait tellement plus reposant et plus clair s’il nous disait, par exemple : «  vous êtes des imbéciles, on va vous faire les poches, et vous chanter notre splendeur jusqu’à ce que vous vomissiez  vos cartes d’électeurs ».

Pendant ce temps l’autre, Lui Président, est en vacances pour 5 ans.  C’est tout juste s’il ne bronze pas devant un micro. Et s’il ne rote pas de béatitude à la dérobée.  De temps à autre, Il se dérange pour épingler une médaille ou chanter un cantique en public, avant de retourner à sa bienheureuse sieste présidentielle.

Il est particulièrement en forme dans le funèbre.  Les morts ne discutent pas.  On peut avoir le geste noble sous les caméras.  C'est sans danger. 

Il est spirituel, en plus.  Probablement un homme charmant en privé ou en groupe .  Mais, assis par effraction dans les ors de l’Elysée, trônant sous son titre extorqué, drapé dans sa petitesse, il sonne si faux que je me demande si un pays tout entier est devenu sourd et myope – gouverné par un pickpocket de voix.  Un voleur de destin.

Est-ce que je suis la seule à voir ses mains virevolter de malaise autour de ses poches lorsqu’il officie en public ?  À observer, stupéfaite, ses sourires tirés, mièvres lorsqu’il ne sait pas sur quel pied danser ?  À m’étouffer de choc devant le masque momifié qu’il arbore devant les armées, les monuments et les cercueils ?

Je crois que je suis la seule.

I am lost.













dimanche 8 juillet 2012

NO TIME

no time to write

à part ceci :


Il y a une photo sur la une du Point qui a brièvement soulagé la migraine politique que j'ai en ce moment - un peu comme un Doliprane.

Can't help it.  Je suis allergique à l'ineptie.  Et la mauvaise foi me donne des crampes.  Depuis le 6 mai, je fatigue.



Et, dans la colonne nécrologique :

Les Guignols de Canal + font les cimetières de l'information.  Ils déterrent Sarkozy, Chirac, Bayrou, Eva Joly... 

Silence religieux sur l'actualité.

Ils se contentent de tripoter un cadavre médiatique par jour.

Ils ont dépecé Nicolas Sarkozy, à vif, pendant 5 ans - mais là, ils sont en tutu, sur la pointe des pieds entre les tombes. 

...Pieusement muets devant les apôtres sur les vitraux de l'Elysée, qui donnent l'extrême onction à ce qui nous reste de revenus

...Recueillis et bouche cousue devant  Sainte Christiane en état de béatitude perpétuelle, Sainte Najat de la Chasteté, Saint Jean-Marc Qui-Ne-Renonce-Pas,  Saint Pierre Moscovici qui crache sur les damnés de l'UMP - et le Très Haut, là haut, qui rayonne dans une divine absence de sens du ridicule.