jeudi 26 juin 2014

antisémitisme... LES HERBES AMÈRES


il y a une sorte de désespérante courtoisie juive qui consiste à croire en la bonté fondamentale de ceux qui nous agressent - comme si leur haine était un aveuglement passager - ce qui a conduit à l'évaporation en fumée de 6 millions d'entre nous

il ne peut plus y avoir de Shoah dans ce monde qui palpite au rythme de Facebook et de Twitter (je clicke, donc je suis) - en revanche....  c'est comme le dioxyde de carbone qui se répand dans l'atmosphère: la pollution psychologique envahit tout

il y a dans l'air une une émission quotidienne, ininterrompue d'antisémitisme sous toutes les formes, toutes les étiquettes et tous les déguisements possibles et imaginables - du boycottage éhonté, vendu comme un acte noble, en passant par l'"humour" de Dieudonné, lequel a prospéré 10 ans sans qu'on entende quelqu'un tousser

...jusqu'au carnage de Toulouse ou au massacre de Bruxelles qui confèrent à l'assassin une dimension de héros de BD  - il devient un  "loup solitaire", une silhouette noire de guerrier campé sous la lune, portant sa kalachnikov comme une épée de Star Wars

en fond musical résonne l'appel du jihad, plus enivrant que tous les parfums de l'Arabie dont rêvait sombrement Lady Macbeth - shoot à l'adrénaline à volonté, extase de vivre dans un jeu vidéo géant - avec, en prime, Israël à portée de bombe

cerise sur ce gâteau vieux comme le monde, l'antisémitisme a un magnifique label marketing pour se justifier: Israël, muse des médias, source des perpétuelles lamentations de presse sur l'ignominie des "colons" juifs et le "génocide" perpétré par les criminels de Tsahal

Israël... un pays de juifs debout, armés et peu impressionnables - le pays de l'impensable: comment un juif ose-t-il défendre un un droit de vivre que personne ne lui a accordé?

on veut bien aimer les juifs, mais on les aime polis: recroquevillés dans leur coin, 3 larmes à l'œil, mendiant un sourire de clémence - et discrets en cas de lynchage


c'est tellement usé, harassant, répétitif, increvable, imbécile et meurtrier

rien ne change - on ne peut plus rester courtois, c'est à nous de cesser d'attendre, de cesser d'espérer ce qui ne vient jamais et de déplorer ce qui arrive toujours c'est à nous de changer

d'attitude ou de décor


 

dimanche 8 juin 2014

DE GUERRE LASSE


Le Pen et son humour Auschwitz:

je me tais, je suis fatiguée d'être scandalisée

en plus, je trouve qu'il devient ennuyeux, pour ne pas dire sénile

et que les cris d'indignation des bien pensants qui adorent s'écheveler en public devant un juif par terre (un rôle toujours applaudi) - et qui sanglotent d'horreur parce qu'Israël est debout - sont aussi ineptes

LE CHANT DU HARENG SEUL


sci fi

je viens de visiter un futur fou, halluciné, lumineux, magnifique - et frénétiquement intelligent

ça m'a enchantée, presque hypnotisée de tout voir et de tout lire

j'ai l'impression qu'on allait sculpter les nuages

on est déjà en warp speed - on vit avec le monde dans la main, au poignet ou sur le nez, on nage dans les réseaux sociaux comme dans des bancs de harengs - où on se distingue, d'ailleurs, autant qu'un hareng seul dans la spirale colossale de ses congénères

bientôt, les piscines penseront pour nous, les immeubles se feront bronzer, les ponts danseront comme des ballerines, les parcs s'ouvriront en vitrine, il y aura des architectes de l'invisible, des concepteurs du gonflable, et des défilés fashion pour habiller les gratte-ciel

pendant ce temps, le salon silencieux de Kubrick valse dans le noir sidéral, entre moulures gris pâle et mutisme des murs, le dos d'un fauteuil plane sur le vide et égrène la vie comme un sablier 

et T.S. Eliot erre au bord du crépuscule, dans un salon de Londres - il compte sa vie en cuillères à café 

"I have measured out my life with coffee spoons"

pour moi, qui ai l'œil sombre, c'est une unité de mesure dans la démesure du futur