mardi 4 août 2015

QU'EST-CE QUI PEUT BRÛLER...?


tumbalalaïka
clouée net, en frissons, j'ai un infarctus de mémoire 
des siècles se sont ouverts, la Russie et la Pologne débordent du temps, un envol de manteaux noirs, des silhouettes voûtées dans la neige, des danses exaltées autour d'un poêle, des violons fous dans le vent bleu noir de Chagall refluent sous mon nez, devant le cactus qui me sert de bureau dans le Negev Rhône Alpes
total recall

je suis un produit directement descendu ou plutôt dégringolé des manies pyromanes d'Isabelle la Catholique - une pure séfarade dont les ancêtres ont débarqué en Turquie, traînant anxieusement un futur de plus à recommencer - et puis ont émigré 4 siècles plus tard, avec leur nostalgie du pont de Galata et leur cafetière enveloppée dans une nappe à Lyon - of all places - alors que s'ils avaient eu un grain de prémonition ils auraient filé vers New York ou Los Angeles
America, America - c'est râpé 

les bottes qu'on connaît ont défilé en Europe et plusieurs d'entre nous ont été pulvérisés en même temps que leurs millions de cousins
de nous tous, naufragés ramant entre les siècles et les continents, a surnagé une poignée de survivants de ma famille, valeureux et fragiles comme des coquelicots, qui toute leur vie ont vérifié fiévreusement la porte, au cas ou un sbire des Sonderkommandos serait tapi dans l'ascenseur - et que le temps a fini par emporter à son tour 
il me traîne dans la mémoire des rires impies, des chansons judéo-espagnoles dansantes et moqueuses (en tu ventana voï posar, taniendo mandoli-ino...)
et ce concerto pour violon de Beethoven, musique fantôme, ensorcelée, brillante qui se déchaîne soudain et que j'entends comme je respire

je suis là - et sur cette terrasse nocturne en Israël, où Isaac Bashevis Singer frissonne en caleçon, coincé entre une maîtresse d'un soir surprise par son amant, un cafard le long d'un mur avec lequel il se découvre un lien de parenté et de longues explications personnelles avec l'Éternel

une étoile flotte dans un battement de bleu, la mer est magique
Ha Tikvah
virgule et battement de cœur, Israël chante d'un bout à l'autre de la planète, jusque sur les quais de Saône, dans cette synagogue discrète qui flotte comme un radeau parmi les drapeaux noirs du 21ème siècle - où on entre en espérant qu'on a un deal avec le Seigneur et qu'on pourra en ressortir 

Ha Tikvah
et je suis raflée, ouverte comme la mer Rouge, en larmes, tout me déferle dans le coeur, des milliers d'années de sable, de nuit et de neige, le ciel blond d'Israël, cette guerre noire et blanche en 1967, Tsahal, armée campée au bord du monde - une immensité qui me ressuscite et me coupe le souffle

je suis là - et dans une calèche sous les pins de Prinkipo et à l'angle d'un porche dans Krochalma street à Varsovie
et bien plus loin, il y a bien plus longtemps 

quelqu'un de ma famille lance à l'univers son défi minuscule, rieur et colossal: quen quere que se poudra...
mais c'est ma langue?
mais l'anglais de T.S. Eliot aussi, qui errait dans les salons de Londres et mesurait sa vie en cuillères à café et celui de Tichborne, prisonnier de la Tour de Londres (the day is past, and yet I saw no sun, and now I live, and now my life is done...) et le grec de mes amis qui avaient décidé de ne plus parler qu'en chantant, à l'aube au sommet du Lycabette - et l'italien en vocalises, sous lequel navigue le monde antique, l'allemand des chevauchées et des Niebelungen, des langues indéchiffrables et reconnues, sans compter les murmures qui passent dans l'herbe et les messages des animaux que j'entends tout le temps
à la limite, je déchiffrerais les nuages

un russe chante et je suis au tapis, émiettée de ravissement et de souvenirs inconnus
le yiddish... je me souviens bizarrement d'Erlkönig et de la Lorelei - et soudain je suis sûre, je sais que j'ai parlé le yiddish peut-être à Lodz en 1890, ou dans les années 50, avec les irrésistibles émigrés ashkénazes de New York, tous hantés, l'âme éventrée, incontrôlablement fous, étincelants et drôles

tumbalalaïka
vos kon brenen un nit oyfhern?
qu'est-ce qui peut brûler sans se consumer?





samedi 23 mai 2015

YOM HAZIKARON


chants, longue sirène, rues figées, foules immobiles, soldats en rang et en silence, visages rieurs des morts, Ha Tikvah, photos de noms gravés et de roses accrochées sur des listes de pierre, étoile bleue portée par le vent, chants, partout ces jeunes visages lumineux, ces sourires vivants en poussière qui semblent flotter sur des écrans pendus dans le ciel 
courts dessins animés racontant la vie, la mer, le soleil et la mort, chants, Ha Tikvah dans la nuit 

larmes dans un café froid





samedi 9 mai 2015

PAS D'ÉCLIPSE POUR LE SOLEIL


LES SENTIERS DE LA GLOIRE
après une énième mais splendide commémoration, François Hollande part 5 jours aux Caraïbes   - lunettes de soleil et inséparable couronne funéraire sous le  bras 
il aurait bien retardé son voyage d'un jour pour commémorer Vercingétorix, mais Najat Vallaud-Belkacem l'a mis à la poubelle avec Henri IV, Napoléon and Co - et tous les lamentables hétéros blanc aspirine qui squattaient l'Histoire Universelle, dont la France n'est qu'un point de détail comme dirait l'autre

UN TEMPS PRÉCIEUX 
Nicolas Sarkozy est sur la charrette, il roule vers la guillotine
il ne sera pas là en 2017 - année interdite à la compétition
3 ans d'admirables vacances se sont écoulés, il reste 2 ans de tourisme modèle à faire entre les palais, les avions, les tapis rouges et les grands cimetières sous la lune
+ 5 ans de prolongation = Francois Hollande n'a plus que 7 ans pour servir la France, les pompes funèbres et le tourisme

L'OMBRE AU TABLEAU
Cameron, qu'on croyait viré, vient d'être passionnément réélu
François Hollande, agacé par ce bruit de victoire a dû poser sa coupe de champagne et quitter un instant son transat au bord de la piscine du Ritz de Saint Barth pour faire la leçon à David Cameron - ce dirigeant mesquin qui ne prend pas de vacances 





samedi 25 avril 2015

VACUUM


Je suis vide comme un presse-papier.
Ce qui ne prouve pas à quel point je suis vide parce qu’un presse-papier, lui, l’est rarement.  Il  y a toujours une fleur ou une bulle dedans.
On va dire que je suis vide comme la bulle dans le presse-papier.

Et là encore… J’ai entendu l’autre jour que nous, humains (nous, bipèdes inhumains), étions constitués de poussière d’étoile.
Alors, même la bulle est probablement une sorte de gare Saint Lazare où se bousculent neutrons, protons et gatecrashers quantiques.

Bon.  On va dire que je suis vide today comme une gare sans voyageurs – un faisceau de rails inhabités qui filent dans le silence.  Pas un neutron à bord.  Pas un proton à qui parler.
Je n’ai rien à dire.  Ce qui signifie, évidemment, que j’ai tout à dire. Comme le remarquait quelqu’un que j’ai connu : « trop égale rien ».  C’était un genre de physicienne.

Hier, j’ai mis le nez sur mes exaspérations, que je trouve suspectes.
Le sarcasme  peut conduire loin – beaucoup trop près de soi-même.

Danger.






PERTE DE CONTRÔLE SUR LA VOIE PUBLIQUE


CHRONIQUES DU FUTUR II
au bout de 1700 ans de christianisme, lentement englouti dans la turbulence des vagues migratoires, naissance en France de la première communauté chrétienne, qui va devoir pratiquer son culte sous la protection de l'État
bientôt les grottes?
un nouvel art pariétal?
tracés en sépia le long des labyrinthes, les chasses à l'iWatch, des envols ténébreux de cartes bancaires, des esquisses du chef de clan Hollande avec son inséparable couronne funéraire autour du cou, la meute des impôts galopant perpétuellement sur les murs
...et dans les coins d'ombre, des symboles furtifs de croix?

HAUT-LE-COEUR
ah mais...
qu'est-ce que cet homme me donne la nausée
qui s'est assis sur la France et l'écrase de tout son poids, qui la bouffe en tenant sa fourchette comme un sceptre - qui se pourlèche les babines en privé et rote majestueusement de digestion devant les caméras 

SELF DIVORCE 
ah...
et puis qu'est-ce que j'en ai marre d'attendre bêtement un like comme un mendiant hébété à moitié endormi sur sa gamelle vide 
sœur Anne, ma sœur Anne ne vois-tu rien venir?
je ne vois que Facebook qui poudroie et les egos qui verdoient...

holy shit






jeudi 23 avril 2015

LA PASSION SELON FRANÇOIS

 
LA VOIX DU CŒUR 
François Hollande lance un appel à l'Indonésie pour demander la grâce du malheureux français qui n'a plus que 3 minutes à vivre avant le peloton d'exécution 
on a le privilège de contempler son intervention: visage hermétique, ronron froid, oeil zombie, pas un cheveu de travers - on dirait qu'il annonce une loi sur les menus scolaires 
Le président indonésien, dont on connaît la sensibilité, va sûrement être ému

SOCRATE, SÉNÈQUE ET LA LORELEI SE TIRENT
énième réforme: on passe de l'élite indigeste à l'Ignare Officiel, tellement plus émouvant
plus de langues, plus d'origine, plus de mystère des mots, plus de cette merveilleuse culture classique qui se dépose en flou lumineux dans les mémoires

LE TEMPS DES PIONNIERS
quoi à la place? un sens de l'humour à la Dieudonné, un intellect creux et narcissique, l'art du selfie et le sport des manifs - pas pour les rangées d'égorgés dont l'État islamique arrose YouTube, non... ca, c'est du folklore
mais des déchaînements de foules enragées dans les rues dès qu'Israël, mal élevé comme ce n'est pas possible, refuse de se coucher sous un missile ou tire sur un malheureux terroriste et abîme sa bombe

HÉROÏSMES 
les chrétiens aux abris, les juifs on s'en fout, on colle une médaille à ceux qui meurent, on pleure sur l'Islam, on laisse pieusement sa peau aux impôts - on écoute les versets du prophète Valls (ici Radio Londres...) on bat la mesure et on est reconnaissants pour tous ces honneurs

CHRONIQUES DU FUTUR 
l'ère Hollande restera dans l'Histoire: extinction des feux au pays des lumières 
ou Comment Lobotomiser une Nation




LA TOTALE



Yom Hazikaron
chants, longue sirène, rues figées, foules immobiles, soldats en rang et en silence, visages rieurs des morts, Ha Tikvah, photos de noms gravés et de roses accrochées sur des listes de pierre, étoile bleue portée par le vent, chants, partout ces jeunes visages lumineux, ces sourires vivants en poussière qui semblent flotter sur des écrans pendus dans le ciel 
courts dessins animés racontant la vie, la mer, le soleil et la mort, chants, Ha Tikvah dans la nuit 

larmes dans un café froid





YOM HA SHOAH



je suis née avec un numéro sur le cœur et un deuil inconnu, absolument insoutenable au fond de ma mémoire 

pour moi, la Shoah est comme une planète dans l'espace - elle est hors grammaire, critère, élément de langage, référence ou comparaison

même si the whole World is a stage, la pièce de Shakespeare jouée, les massacres en hémorragie sur la planète - et même si, à la fin du compte des morts, les os sont tous beiges et la tristesse terrible

la Shoah gravite ailleurs dans l'espace, comme un dernier soupir qui ne se termine pas - comme une galaxie incompréhensible où frissonnent des millions d'âmes qui ne peuvent plus s'éteindre 





dimanche 5 avril 2015

LAMENTATIONS


QUELLE SORTIE D'ÉGYPTE ?

Moïse est dans l'escalier ou occupé ailleurs
clac - la mer Rouge s'est refermée sur moi
impossible de l'ouvrir, ni avec un serrurier ni avec un prophète
les autres sont en train de danser et de siroter leur pain azyme au pied du Sinaï 
moi je suis coincée dans un banc de sardines
hello? anybody there?
c'est fatigant, mais fatigant, d'être un pariah 


SUITE: LAMENTATIONS

je ne vois pas d'issue
chaque soir je me dis que c'est fini
que si il y a un jour final de jugement, un horaire de l'apocalypse où il faudra rendre des comptes, je serai jugée sur toutes les journées, toutes les heures que j'ai assassinées - et condamnée à errer pour l'éternité dans les réseaux spatiaux, entre des collisions de fantômes, des chuchotements funèbres de commentaires et des sanglots de likes
chaque matin je n'informe que je ne vais certainement pas remettre le nez dans ce vivier et instantanément je m'effondre dedans jusqu'aux cils
inhumée vivante dans la même spirale irrespirable, dans des milliards de voix qui me rendent muette - un grain de sable qui se croirait tout seul et qui se trémousserait dans la longue poudre blonde des plages océaniques
je ne sais pas comment m'extraire, j'ai tenté de prier, mais ça ne m'aide pas
l'Éternel n'a jamais un like pour moi




LE MONDE EST UNE PISTE DE DANSE


Obama
sourire aveuglant, démarche dansante, ego majestueux, myopie internationale, aversions secrètes et goût de la vengeance
"pour la première fois les US ne s'exprimeront pas devant le Conseil des Droits de l'Homme sur les accusations contre Israël"
"les US rejettent l'exigence de Netanyahu de reconnaissance d'Israël par l'Iran"
Téhéran danse dans les rues
l'Europe bat la mesure
sur son trône Obama fredonne
le monde est une piste de danse

migraine en Israël 

jeudi 2 avril 2015

AU LARGE DE TERRE-NEUVE


3 ans (ou plus ou pire) à discourir à la surface de Facebook comme Leonardo DiCaprio grelottant dans l'Atlantique:
"make each day count!"
des musiciens noyés me jouent dans les tympans, une foule de fantômes vogue autour de moi
le temps me dévisage comme un cyclope, une horloge tournant dans son œil unique
j'ai l'esprit inondé et béant, planté sur un iceberg à répétitions 
ah
el Dio me va dar mucho bueno
peut-être 
mais là, c'est trop





mardi 31 mars 2015

L'EXIL, HOW IT FEELS


je connais quelqu'un, qui, le matin, se rase avec un cactus
en maltraitant son reflet 
il a beau faire des imitations de normalité, la horde le flaire et le recrache
il baisse le nez, marche arrondi - mais son regard s'échappe, des temples flambent dans son crâne, il a le désespoir indéchiffrable, comme si son âme s'écrivait en sumérien - il cache un sourire fou, intérieur - il a l'humour en vol comme une mouette, constamment évadé de la cage où il tente de l'enfermer 
et qu'il porte comme une clochette de lépreux 

moi, je vis sonnée, frissonnante, terrée comme un SDF dans un porche, au bord des foules, j'ai tout le temps le nez dans les autres mondes, ma mémoire est piégée dans la lumière de la mer, je viens de trop loin, j'ai le temps au cœur, les nerfs épluchés et l'humour hérétique 
mon esprit est un incendie qui ne peut même pas me réchauffer les mains

on est des étrangers 
muets d'émerveillement devant les gens doués qui saisissent leur vie et la risquent, la jouent, la chevauchent, rieurs, ébouriffés - chevaliers inouïs qui portent leurs rêves au poignet comme des faucons et les lâchent en plein ciel 

les autres
tous les autres nous enjambent, voûtés comme des pré-bipèdes, le nez glué dans un iPhone ou un Samsung comme dans une banane - tout boueux et l'œil arriéré de patauger dans les marais sociaux, une bave permanente de Twitter à la bouche
ils sont légitimes 
boum boum, moi clever, toi débris, j'écrase ton espace comme une cacahuète, et dans le fond de moi, quand je cuis dans un bus entre des omoplates, je sanglote pour exister - alors je glousse très haut avec mes semblables et je me fais tatouer

on est régulièrement raflés avec les milliards qui trépignent au fond des zoos et des miroirs
tous, nous tous enfournés en vrac dans l'abattoir quotidien des routines par des espèces de clowns carnivores aux egos ventrus qui, le matin nous pissent des discours sur le crâne, le jour nous bouffent et le soir nous excrètent
et la planète des autres repart au galop

nous
on se retrouve dehors, out, bannis, enfuis, ailleurs
on a froid
mais on conquiert parfois des fous rires de rois




dimanche 29 mars 2015

LES PAPIERS DE TROIE


commentaires
interminablement pondus sur le cadavre des jours, postés dans un hébètement de fatigue, une miette d'esprit flou pendu au mythe d'être entendue - d'apparaître, ne serait-ce qu'une fraction de seconde dans le vivier colossal du web, qui est bondé des tripes de la Terre jusqu'aux spirales noires au-dessus du ciel
commentaires que je vire ensuite en hâte dans une crampe de dérision

parfois
je tourne tellement autour de ma pensée, de mes mots, de l'anglais, du français que je trébuche dans le début de la nuit 
je suis au tapis quand je trace la dernière virgule, interminablement écoutée
le temps en cendres
tellement étourdie que je ne trouve même pas la force de déchirer ce qui reste de mon intelligence et de le jeter comme un bout de papier sous un galop gris, aveugle, féroce de foule crachée par le métro 
comme je ne manque jamais de le faire
mon esprit supplie pour vomir
je ne publie pas 

après 
je me réfugie dans Troie en ruines, et je tombe assise au milieu des os du cheval d'Ulysse 




TROIE : LIGNES ENVOLÉES


commentaires
interminablement pondus sur le cadavre des jours, postés dans un hébètement de fatigue, une miette d'esprit flou pendu au mythe d'être entendue - d'apparaître, ne serait-ce qu'une fraction de seconde dans le vivier colossal du web, qui est bondé des tripes de la Terre jusqu'aux spirales noires au-dessus du ciel
commentaires que je vire ensuite en hâte dans une crampe de dérision

about YEHUDA AVNER
page de Caroline Glick - publication disparue, emportant le sillage de ma voix, que je n'ai plus à effacer 

"In a sense, the essence of all of Judaism is the capacity of a people to live with the unknown. People who have a measure of certainty about their future assuredly will find this rather hard to understand. But when you think about it, the entire venture of Israel has been achieved only by jumping into the unknown."
Ambassador Yehuda Avner
The Times of Israel, March 26 - Mickaël Dickson's blog ("Feeling weary about Israel?")
I read this and loved it
I have always had a haunting feeling that Jews, so often multilingual, had a home and a home language connected with the unknown  - to me, Jews are... des survivants de l'impossible, and have been for thousands of years
not such a lonely or wishful or wistful way of thinking, after all


JOANN SFAR 
Drawing conclusions: Joann Sfar and the Jews of France  - The Jewish Review of Books

passionnant
..." a Scheherazade with pen and brush"
...doublé d'un dancing talmudist (so sorry), d'un des mariés volants de Chagall, d'un violoniste entre étoiles et antennes wifi, d'un traducteur de fantômes, d'un insolent posé sur les pages comme un papillon - à tord ou à bavardage, je perçois tellement de fréquences que je pourrais en pondre une page 

pour moi, quitte à être hérétique, il y a une correspondance avec l'extraordinaire, tendre, irrésistible liberté d'Isaac Bashevis Singer, (je ne sais plus dans quelle short story, un soir en Israël, il a dû se réfugier en caleçon sur une terrasse nocturne - le temps que sa maîtresse improvisée affronte un amant qui venait de faire irruption dans la situation - frissonnant et extrêmement perplexe, il s'est lancé dans une conversation passionnée avec l'Éternel et un cafard en ascension le long d'un mur - avec lequel il a été bouleversé de se découvrir un lien de parenté)

I know, I f***g talk too much
 

CAROLINE GLICK 
Managing Obama's war against Israel

...celui-là, j'étais au tapis quand je l'ai terminé - le temps en cendres et tellement étourdie que je n'ai même pas trouvé la force de déchirer ce qui restait de mon intelligence et de le jeter comme un bout de papier sous un galop gris, aveugle, féroce de foule vomie par le métro 
comme je ne manque jamais de le faire

SUPERNOVA
Obama has been lording it over all the nations of the world for 6 years now - bestowing his vocabulary and dazzling smiles upon the blessed of the Earth
only Israel has been permanently excluded from his clemency
and yet
in 2008 and 2012, on the eve of each Election Day, he has knelt at the feet of AIPAC, sobbing with love for Israel, a love instantly turned into polar frigidity about 2 minutes after his accession to to the throne
something like 48 hours of unchecked adoration and 76 months of ominous distaste 

it seems to me that the danger for Israel lies mostly in the hatred of a remarkably mediocre man - who nevertheless managed his way to his throne on top of the planet: great salesmanship
...in the consuming hate of such a man for the brilliant leader of a tiny country, rooted on the map against all odds 
for no matter what else he is, or may be, Netanyahu has a vision, guts and an indestructible international dimension 

how can the U.S. divorce Israel? for all Obama's fuming bans and manoeuvres, for all his gluttony for revenge - a dish now best savoured at the UN - it seems to me that there is a link between the U.S. and Israel which even Obama, enthroned as he is on half a continent, cannot sever
and - I don't know - it somehow looks as if Obama's giant ego is well on the way to going supernova 



après 
je me suis réfugiée dans Troie en ruines, et assise au milieu des os du cheval d'Ulysse 






jeudi 19 mars 2015

JIHADI JOHN


   Verlaine, qui était en taule pour avoir agressé Rimbaud, regardait mélancoliquement par la fenêtre de sa cellule
   il remarquait que le ciel était si bleu si calme et que la vie était là, simple et tranquille

   ce n'est pas mon cas
je trouve la vie incompréhensible - et le ciel pollué

   je ne comprends absolument pas que personne ne comprenne - entre autres - l'attraction du Jihad et qu'on se perde en conjectures sur des kilomètres de télé 

   enfin...
entre traîner devant des HLMs de banlieue, pointer en bâillant à Pôle Emploi, bouffer du shit payé avec un sac arraché de vieille dame, rôder au crépuscule à la recherche d'une voiture à cramer ou d'un ado à terroriser - et n'être personne jamais, nobody, no one, nulle part

   entre étouffer de rage et de frustration, vociférer dans le vide, traîner perpétuellement avec son gang de nuls dans la périphérie de la vie, en attendant la prochaine manif, peu importe le prétexte, pour se cagouler - comme ces bourreaux excitants du Jihad qui ont le pouvoir de vie et de mort sur des êtres humains civilisés (ceux-là mêmes qui osent vivre quand les autres se font chier)

   pour arborer une écharpe à carreaux noirs et blancs en l'honneur du Hamas qui, lui, sait foutre le feu au ciel et défoncer des vies (mort à ces salopards de n'importe qui et de juifs pour commencer)

   et une fois équipé, se défouler en massacrant des vitrines, en pillant tout sur son passage et - oh, joie si rare dans une vie si terne - en se flambant un flic ou deux au cocktail Molotov

   et puis... retomber dans le gris des jours, les horizons morts, les quartiers moches, deux ou trois rapines, les imprécations de routine, la brûlure de la rage, l'insignifiance - le vertige de n'être personne 

   entre ça
et débarquer en gladiateur, avec un nouveau Dieu dans sa poche, dans un jeu vidéo géant
   vivre le couteau à la main comme un Dark Vador sous le drapeau noir qui terrorise la planète  

   et appartenir - être membre d'un clan lié par le noir et le sang, faire partie d'un groupe magique qui vous informe que vous n'êtes plus le minable en fin de droits de Pôle Emploi mais un guerrier de Dieu recruté par Dieu lui-même

   avec licence, liberté, encouragement, reconnaissance, applaudissements, récompense de chaque meurtre (là où on se ferait mettre en garde à vue, traiter comme une ordure et fourrer en cage pour des dizaines d'années en France)

   et assassiner jusqu'à plus soif, massacrer à la chaîne, égorger devant des caméras comme une star de Hollywood, sentir dans la paume de sa main le désespoir et la terreur de sa victime, savourer  la vie qui coule sous son couteau et le goût de la mort

   on peut toujours écumer les coins les plus pourris dans sa banlieue natale pour trouver le centième, le millième d'un tel magistral shoot d'adrénaline

   tueries. carnage, jeux de quilles humains, selfies devant les fosses communes, viols à volonté - pas de pétasses qui la ramènent, mais des esclaves à peine pubères qu'on peut embrocher jusqu'aux sourcils, rosser ou mutiler selon son bon plaisir

   être enfin - impérialement
exister par la mort des autres, par la souffrance infligée, par la distribution de l'horreur
   guerroyer, comme au Moyen Âge, s'enivrer de jouer sa vie et s'empiffrer de meurtres 

   quand on n'est pas capable de vivre, on peut toujours tuer - il suffit que quelqu'un vous vende un prétexte

   alors... analyser à perte de vue les raisons qui poussent des jeunes gens à s'enrôler dans le Jihad - autant débattre non-stop à l'heure des infos des raisons pour lesquelles il vaut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade

   au lieu de se demander interminablement pour quels motifs un "jeune" peut préférer être terrifiant, barbu et plein de sang, avec un Dieu dans son camp que vague, traînard, fauché, bâillant et insignifiant dans le no future de son quartier

   alors oui - le ciel est par-dessus le toit, si cool, si sanglant

   et le silence long des morts
et le bavardage infernal des vivants
blessent mon cœur
d'une stupéfaction monotone