mercredi 29 octobre 2014

DIAL D FOR DEEP FREEZE


the world can plummet into terror, carnage and chaos, melt at both its ends, vomit its poisoned oceans all over its shores, Obama remains admirably calm
beheaded journalists are falling like dead leaves all over the net, Obama bears up gallantly
he is a gentleman and a Spartan
yet there are limits to this haughty demeanor
nothing can ruin a game of golf like the sound of a shovel in Israel

there is a black and white drawing by Dry Bones, called "crisis call" which sums up with terse brilliance 7 years of diplomatic relations between the planetary Obama, Nobel Prize of Peace and Israel the Boycottable
a country vulgarly busy with fighting for its life, rather dismissive of elegant disapproval and not always ready to faint at the sound of your vocabulary 


mardi 28 octobre 2014

LIKE TON PROCHAIN COMME TOI-MÊME


je ne sais plus quand, c'était en 2012 ou en 937 BC, j'ai assiégé mes amis gourous en web et en numérique avec des questions sur les réseaux sociaux

j'avais l'intention de tenir un blog, j'ai un style, et un esprit trop solitaire pour ne pas être original - j'étais sûre que par Facebook et Twitter j'allais toucher plein de gens qui me liraient

bref, j'entendais déjà les clochettes du Père Noël et pom pom pom sur les nuages, les sabots des courageux rennes qui se tapent la traversée du ciel

2014
si Jonas s'est sorti du ventre de la baleine parce que le Tout Puissant avait un job pour lui, moi je suis en rade, en flaque, intégralement liquéfiée dans l'oesophage de Facebook 

mon ego, qui était déjà fragile, a été instantanément processed, aplati net, goudronné par les rouleaux compresseurs d'indifférence qui lui sont passés dessus - il ne me manque que les plumes pour finir comme les tricheurs dans Lucky Luke, virée de Web City, à cheval sur un rail, chamarrée de noir et aussi empanachée qu'une volaille primée 

quant à Twitter... ç'a été relativement rapide, j'ai pépié trois trucs, un peu vocalisé en anglais - et soudain, la collision, l'ennui total: j'ai bâillé à me décrocher le cœur, à m'ouvrir les flancs comme le Titanic sur son iceberg, et coulé tout de suite, corps et biens

en plus j'ai failli devenir sourde, il y avait des tsunamis de news, des milliards de voix qui péroraient, couinaient, ricanaient ou pontifiaient de tous les côtés - alors, les rares mots que j'ai pipés dans mon coin... c'est comme si une fourmi tapait des pattes pour se faire entendre dans un chœur de Verdi 

out of Twitter, d'accord - comme Meryl Streep loin de l'Afrique, j'ai emporté mes larmes d'ennui, ma nostalgie d'être et je suis allée me faire bouleverser ailleurs

mais Facebook, c'est une autre histoire, c'est addictif, on se faufilerait la nuit au coin d'un immeuble louche pour se payer son shoot, sa dose de remous

résultat: je suis scotchée au bord de ce réseau dans une obscurité douteuse, comme un SDF, une ombre fossile, un fantôme spatial, cables flotteurs, déconnecté

de temps en temps, je fais tinter 3 lignes, un écho ou une photo dans le silence, juste pour m'assurer que je ne suis pas en train de tourner terminalement dans le noir comme George Clooney dans Gravity

un an de retraite dans un monastère n'aurait pas pu m'apprendre ce que Facebook m'a enseigné:

sois pieuse, like ton prochain, prie sur YouTube, remercie le ciel d'avoir un profil quelque part, poste tes selfies, et ferme-la

coachée comme nulle part ailleurs, j'ai fini par accepter mon destin - je me suis installée sous un cactus dans le désert et je trace vaguement des trucs dans le sable

je n'attends rien - quand je serai fatiguée, je trekkerai mon retour vers la civilisation et un tall scotch 

et là...
je me laisserai flamber. saisir, brûler jusqu'aux cheveux par cet étrange rire silencieux qui vous traverse comme un coup de foudre, vous dessine en lumière  dans l'espace

et qui, en une seconde de renaissance, vous fait consentir à tout, à la danse, à l'humour, au délire, à la solitude moqueuse, vertigineuse d'être exilé dans sa peau depuis l'Eden 

...quand tous les spermatozoïdes d'Adam se sont fait virer en bloc, ce qui fait maintenant 7 milliards de sans-abris sur Terre

et un tas de réseaux sociaux





samedi 25 octobre 2014

ÉTYMOLOGIE

 
schizophrénie 
du grec « σχίζειν » (schizein): je me découpe en tranches
et « φρήν » (phrèn): migraine  

qu'est-ce que j'ai sévi aujourd'hui
je suis une des rares personnes que je connais qui peut finir totalement ivre sur 3 gouttes d'eau minérale
dès que je reprends mes esprits, je vire tout ce que j'ai agité  
ce truc, ce réseau
c'est devenu mon Danube, ma valse de Strauss
ma nuance de bleu

quand même
il n'y a pas un chat pour danser avec moi
heureusement que je suis là
chantait le schizophrène, qui se confiait à lui-même




dimanche 19 octobre 2014

REFLETS DANS UN VERRE D'EAU MINÉRALE


today
j'ai fait une incursion dans Facebook 

j'ai trouvé de magnifiques illustrations de somnolences, j'en ai choisi 4, que j'ai baptisées "rhumes de conscience" 
je les ai postées et virées au bout d'un quart d'heure 

j'ai écouté pendant une heure le diagnostic enchanteur et terrifiant de Yaakov Kirschen (Dry Bones) sur les codes de l'antisémitisme - j'ai adoré, j'ai ri, je suis restée étourdie:  aujourd'hui, c'est plus facile de trouver du plutonium dans sa boîte aux lettres ou de se faire décapiter dans un abri bus que d'entendre une vérité


j'ai posté, au cas où un égaré dans mon genre aurait besoin d'un shoot d'intelligence et d'humour

sitôt posté, sitôt viré - penser, passer en express, what else? d'autant que je dors sur les likes et qu'il il ne me reste plus l'ombre d'un "ami"

j'ai erré dans les photos
je ne sais pas ce que c'était, un citron ou un piment m'a imposé silence - à côté, il y avait quelque chose d'étrange comme une grenade en argent ciselé et tout près, allongé, un magnifique épi vert et blond de je ne sais pas quoi

hop, posté - pour 10 ou 12 minutes?

finalement j'ai laissé, c'était très mystérieux,  posé calmement comme une question sans réponse - ou une réponse qui se passe de questions

j'ai perdu du temps mais, comme d'habitude, barboter dans Facebook me guérit de Facebook pour un moment

c'est un peu comme glander  autour de la fontaine dans une station thermale

cheers









mardi 7 octobre 2014

ROSE, ORANGE, NOIR


PMA, GPA, je ne comprends pas

que ce soit par choix ou par tragédie:
si une femme peut se mettre quotidiennement en vente sur un trottoir ou dans un bois au point d'être respectée (et mémorisée) par le fisc

que ce soit par goût de l'argent, goût d'autre chose ou désarroi:
si une femme peut se faire embrocher en boucle devant les caméras avec des béances de bouche et un vocabulaire fluorescent

je ne vois pas pourquoi une femme ne pourrait pas louer ses ovaires

si on lui en refuse le droit
je ne vois pas pourquoi, à ce moment-là, on ne manifesterait pas contre la prostitution et, pendant qu'on y est, contre la nature humaine

je ne sais pas ce que c'est que l'éthique, c'est une notion trop vaporeuse  pour moi, trop angélique, trop ailée - mais je donnerais cher pour oublier tout ce que je sais de la souffrance

on verrouille, on mutile, on torture, on assassine, on exécute à la chaîne dans tous les coins du monde pendant que nous, on examine des berceaux et on refuse des passeports à des spermatozoïdes 

je ne sais pas ce qui arrive aux Valeurs Humaines, il me semble qu'elles titubent dans Twitter ou ailleurs en état de totale ébriété

ou alors, c'est moi qui ne peux pas tenir un scotch: impossible, par exemple, de ne pas éprouver de respect pour l'honnêteté poignante, absolue des prostituées - ce sont peut-être les seules dans le fracas social qui disent la vérité sur ce qu'elles ont à vendre

les mises en location de ventres, quelle que soit leur raison vénale ou dramatique, m'inspirent beaucoup moins - là, on marche à pas de loup sur les pelouses de l'Eden, on entre dans une forme de transgression des mondes 

mais tant qu'il s'agit de produire la vie au lieu de distribuer la mort... je ne vois pas pourquoi on gesticule

pendant qu'on brame dans les rues, qu'on fulmine sur les ventres à louer et qu'on trépigne pour reconduire à la frontière une foule chromosomes illégaux et vexés, un coup d'œil aux médias suffit pour tomber sur cette photo orange et noire - pour tomber évanoui d'avoir regardé l'abîme

PMA, GPA, ETC?
alors qu'on a le choix des carnages?

alors qu'il a des hommes qu'on a barbouillés d'orange et qui saignent à mort dans le noir?

je crois qu'on a oublié pourquoi on crie




dimanche 5 octobre 2014

LE FINALEMENT TRÈS SEUL... NICOLAS SARKOZY


il émerge du silence
1 - il met le feu aux ondes
2 - il met le feu aux nerfs

l'UMP est en ébullition - c'est comme s'il avait posé le pied dans un nid de serpent à sonnettes, ça grouille, ça siffle, ça lui mord les chevilles - ils se hissent tous autour de lui, la langue vibrante, dans une hystérie d'egos affamés - seul François Fillon, qui a gravement failli en 2012, ne parvient pas à échapper à son élégance fondamentale, il reste vaguement à l'écart des cris, mais il n'en murmure pas moins son programme personnel dans son coin

au cours d'une émission où les sondages montent en bouquets de fleurs autour de lui, Alain Juppé a les larmes aux yeux: il est en 2017, il vient d'être élu à l'unanimité à la présidence de la France, il commente sobrement sa victoire: lui c'est la réflexion, Sarkozy c'est la fébrilité

ceci dit, il a été remarquable pendant toute l'émission - Nicolas Sarkozy a du souci à se faire

interviewé par un journaliste, Bruno Le Maire s'enfle comme une montgolfière et tonitrue un déroulement de programme avec une sorte de monotonie hurlée, vaguement mussolinienne, totalement inhabituelle chez lui

en arrière plan, la foule des prétendants gesticule, piaille des programmes, chacun agite son canif de guerre - à moi l'os doré de l'Élysée, ou en coupe-faim, l'os du parti! à bas Sarkozy! qu'on en finisse! y a t-il un jihadiste de passage pour le trucider? 

accueilli dans son propre camp comme comme le virus ébola, Nicolas Sarkozy n'a même plus une minute pour ses ennemis d'en face - pourtant à gauche, ils sont doués: nichés au pouvoir comme une colonie de pigeons dans un nid d'aigle, ils n'ont pas cessé de prouver leur créativité

combien de commentaires outrés, de hoquets de scandale, de logorrhées vertueuses, de ricanements de mépris, de nausées télévisées - et combien d'escouades de juges vont pleuvoir sur lui?

mais pour l'instant, en face, ils sont détendus, ils peuvent préparer en toute tranquillité les futures poursuites, mises en examen et gardes à vue programmées dans le dossier Spécial Sarkozy - puisque les amis de Nicolas Sarkozy font le travail de ses ennemis

sondages d'audience: bof... personne n'est convaincu mais tout le monde s'amarre à la télé et gobe gloutonnement du Sarkozy - plus de 8 millions d'excités rivés à leur écran contre 1 million et quelques somnolents pour Hollande

les médias bâillent: bof... il n'a pas changé, toujours les mêmes vieilles propositions de 2007, de 2012 - mais ils bâillent en première page, à grand renfort de photos et de longues analyses hautaines - pff...

une cacophonie de débats tempête à la télé - Sarkozy n'a pas ouvert la bouche depuis 3 secondes, qu'une question ulcérée s'élève de toutes parts: où est son programme pour 2017 ?? dans le même souffle où il dit bonjour, il est tenu d'annoncer dans le détail sa liste de futures réformes et de boucler avec 31 mois d'avance sa future campagne présidentielle

on a beau ranimer le passé à tour de bras, il se périme
avec le présent, à part décortiquer en une heure de débat télé le sens d'un éternuement de Sarkozy, on n'a presque rien à se mettre sous la dent

reste le futur
Nicolas Sarkozy est peut être le seul homme au monde qui doit répondre de tous les lendemains du calendrier, de tout ce qu'il n'a pas encore pensé, encore moins pu faire, de tout ce qu'il n'a pas eu le temps de vivre et qu'on lui reproche d'avance 

certains la jouent blasé, philosophes nonchalants dérangés par un moustique: quoi? ah, le discours de Sarko? on s'est ennuyés...

bien entendu, on a palpité pendant l'interminable conférence de presse de François Hollande qui, visage de cire et ronron obscur, a martelé posément son credo: "je rate mais je reste"

très seul, Sarkozy - unforgiven
il est vivant
ébouriffant, ébouriffé de vie

c'est vu d'un très mauvais œil dans la France du 21ème siècle
où on tweete jusqu'à son opinion d'une salade de tomates
où on se selfie tous les quarts d'heure
où on ne reconnaît que les contrefaçons