dimanche 17 novembre 2013

ASCÈSE




on met le nez dans Facebook - et on est instantanément gobé - clac, gloup - on disparaît en 2 secondes, englouti, le cœur éteint comme un téléphone 

on erre dans une sorte d'énorme nuage -  peut-être un estomac de planète

on tourne au hasard dans une tempête de voix insaisissables, on esquisse des mots qui s'effacent et s'étouffent dans la brume - on titube, déjà drogués, l'esprit lentement gommé, claquant comme une page blanche entre les tempes

les vétérans ont leurs cercles - et leur ration d'exclamations à la fin de la journée 

quand on est un cancre, comme moi, on patauge

à tout hasard, on ne sait jamais, on se risque sur la page qu'on s'est imbécilement appropriée  - et qui se lézarde dans une zone déserte

tumulte sous les tempes, doigt en l'air au-dessus du clavier - l'écran murmure "exprimez-vous" 

(je suis ton petit tapis blanc de parole - glousse-moi une pensée, un truc, un état d'âme et - hop - je te l'évaporerai)

fuir, c'est plus sûr 

on repart dans le fracas, faufilé, assourdi

on tombe sur un lampadaire, allumé par un cousin dans la nuit

on titube, on l'enlace, on dit 3 mots tout seul comme si on avait trop bu

puis on vaque, vague, dans une routine surréaliste

le lendemain, on est exterminés - enfouis dans les poubelles de la veille où les vieux fils d'actualité grouillent comme des vers

pouf - on se dilue, on coule, totalement dissous 

ce qui n'empêche pas les irrécupérables dans mon genre de renaître le lendemain de leur incohérence - phénix plumés comme des poulets

...de se percher à nouveau n'importe où dans la cité vampire,  où rôdent des milliards d'affamés, crocs limés, egos voraces et distendus, où les news tombent en trombe

et de pondre une photo

ou de caqueter 3 mots

instantanément volatilisés





ascèse 





(photo de Dani)