il pleut à Modiin - ici, je mouche, je tousse, je brûle et je dors debout
chacun sa météo
Rudolph Valentino aurait eu 118 ans cette année (vu un ancien film ébouriffé de Ken Russell)
impossible de savoir si Napoléon avait les yeux bleus
j'ai vu un portrait où il avait l'œil clair (et damnablement acéré)
j'ai eu beau explorer Google, je ne suis pas plus avancée
que ce soit du pont d'Arcole au sacre, en passant par Austerlitz et la Berezina, ses yeux changent tout le temps de couleur
ils passent du gris-vert au brun roux, au bleuté, au fauve, au secrètement doré
finalement, je suis arrivée sur son masque mortuaire et sur un Efferalgan
si le nez de Cléopâtre eût été plus court et les yeux de l'empereur plus explicites
tandis que la fraîcheur tombe sur les fleurs de Modiin et que mon nez à moi sanglote comme un violon en automne
si Oscar Wilde, broyé à mort par le père de son amant, voyait de sa tombe les gays s'épouser dans des cocktails d'arcs-en-ciel
si Chanaan et ses ruisseaux n'étaient pas tombés de la Voie Lactée, noyant mon fauteuil dans les étoiles
si Robert chantait encore à gorge déployée sur la galère capitane
et si le diable cessait de fouiner dans les détails
si je n'avais pas gardé ce f...g passeport pour les vies antérieures
si Caïn ne traînait pas comme une casserole un œil céleste dans son dos - et si mon père n'avait pas insisté pour allumer sa pipe avec une loupe
si je ne dérivais pas sur un océan de kleenex, en contemplation vague du carrelage du hall - et d'un temps que je n'ai jamais compris
si je n'étais pas toujours le seul touriste sur la proue déserte et dans les voiles en loques du Fliegende Höllander - en croisière dans la nuit des siècles
et si Roger, soufflé sur un quai de gare en Lituanie, n'avait pas une âme aussi terriblement flâneuse
bref - si je n'avais pas autant de fantômes dans mon agenda
et si je m'occupais maintenant de mon interminable concoction de tomates
les choses seraient plus claires
et mes yeux verts Saône polluée pourraient même virer au bleu
genre empereur